L’exposition des artistes pour qui la ville de Londres a été la mère, la muse et la source d’inspiration
Londres appelle. Paraphrasant le titre de la célèbre chanson du Le combatPalazzo Cipolla consacre une exposition à 13 artistes de grande renomméetous « débiteurs » en quelque sorte à la capitale anglaise. Ce qui unit leur travail, en effet, c’est d’être né, d’avoir vécu ou en tout cas de s’être inspiré de cette ville chargée d’histoire et de contradictions, ancienne et très actuelle. À l’affiche 30 œuvres d’artistes qu’on ne présente plus, comme Damien Hirst, David Hockney et Idris Khan.

Dès l’entrée, le spectateur est immédiatement confronté à Mélange pomme magenta 2la paire de disques miroirs de Anis Kapoorpupilles ardentes, convexes et fluides, reflétant ce qui est et ce qui est autour. Si le spectateur peut se reconnaître en eux, force est de constater que le doute sur la réelle tangibilité de ce qui est dupliqué demeure : est-ce nous ou est-ce autre que nous ? C’est le dilemme.
Le thème de la déformation de la matière revient dans les sculptures tourbillonnantes de Tony Craggimmortalisés in fieri, car ils enveloppent et évoluent dans un passage magmatique d’états. Dans le travail Crânece qui serait littéralement appelé un crâne, et donc philosophiquement associé à un memento mori toujours valable (c’est-à-dire une réflexion profonde et tragique sur la fugacité de l’existence), est ici transformé par le scintillement dynamique de Cragg en un visage mutant, ou peut-être mutable, qui se transforme se transformer en autre chose, tout en restant fidèle à soi-même.

La star de l’exposition ne pouvait manquer d’être Damien Hirt. La salle réservée à ses œuvres est centrée sur un oxymore perceptible par une réaction quasi épidermique : on passe des frissons froids et aseptiques donnés par Glen Matlockla célèbre armoire à pharmacie pleine de piles de médicaments soignées, au déséquilibre parfois allergique donné par le vortex chromatique de Belle peinture totalement hors de ce monde, disque fluorescent accroché au mur, qui aspire le regard dans une centrifugeuse de pensées, qui sont ensuite restituées épaissies d’une lourdeur dégoulinant de peinture et de chaos.

Ø 213 cm, Collection privée – © Damien Hirst and Science Ltd., All rights reserved by Siae 2022t of this world painting, 2005
L’exposition s’avère particulièrement intéressante aussi grâce aux styles hétérogènes des artistes présents, ainsi qu’à la variété des sujets abordés. Par exemple, si les géométries de Sean Scully sont une mer calme sur laquelle flottent les souvenirs et les échos abstraits de Malevitch, le portrait coloré et brillant de David Hockney il brise l’ennui en condensant la recherche psychologique dans un réalisme presque magique qui voit la physionomie devenir une enquête sociale et introspective.

Et si, encore une fois, Grayson Perry il plaisante sur la misère éthique du gain fait sur le faire artistique, qui fait du commerce de la création et de la mode, Jake et Dinos Chapman pointer du doigt, ironique et toujours sournois, l’acceptabilité des objets et des dynamiques qui portent la mort à travers les médias et le cinéma. La même mort, tragique et injustifiée, qui devient le protagoniste des œuvres de Annie Morrisqui à travers son travail élabore et rend compréhensible, quoique déchirée, la gestation d’un enfant et sa terrible fin, inopinée, prématurément.

Appel à Londres. L’art contemporain britannique maintenant.
Jusqu’au 17 juillet 2022
Palais Cipolla
Via del Corso, 320
Horaire d’ouverture
10.00 – 20.00 (dernière entrée 19.00)
Des billets
4-6 €
fondazioneterzopilastrointernazionale.it